dimanche 7 août 2016

(Écrire) 2 - S'AUTO-ÉVALUER

Ajuster votre viseur




RÉUSSIR SES ÉCRITS SCOLAIRES, UNIVERSITAIRES OU PROFESSIONNELS
Christian Lévêque
INTRODUCTION
2 - S'AUTO-ÉVALUER

L'auteur / l'écrivain / l'auto évaluation est la règle / le jugement du lecteur / une affaire d'enseignants



C'est chez Jean Gueno je crois que j'ai trouvé cette belle description du dilemme qui vous encombre,  désormais plus que moi,  - encore que -. Ce dilemme fait de votre écriture l'otage d'un conflit entre l'écrivain que vous êtes plus ou moins et l'auteur que vous serez peut-être. L'auteur en vous sera celui qui signera une oeuvre publiée et lue. C'est donc celui qui récolte les fruits, sucrés ou acides, du travail fait : notoriété,  prestige, fortune dans le plus rare des cas. Il n'y a là qu'assez peu de mérite : près de 70000 titres publiés par an, combien pour la qualité du style et l'importance des messages? C'est vrai aussi des travaux universitaires et des écrits dits scientifiques même dans les revues à comité de rédaction. 

L'écrivain en vous est l'artisan  patient, insensible aux distractions, et secret,  qui oeuvre, se relit, jette beaucoup, et lit d'autres écrivains pour progresser, même si c'est déprimant. Son pire ennemi est l'auteur, pressé de paraître dans les salons du livre, et de signer le livre dans les bibliothèques municipales. En même temps, il dénigre tout ce que ce son alter ego croit avoir fini, et réussi. 

Une fois vaincus les pièges du perfectionnisme et de l'inquiétude mondaine, - je donnerai un certain nombre d'outils pour y parvenir -,  l'écrit suffisamment bien lu  épanouit et le lecteur et l'auteur, laissant l'écrivain en peine, déjà préoccupé par d'autres textes et encore sous le coup des critiques de son alter ego sur ce texte là. Votre solution ? L'auto évaluation scrupuleuse, méticuleuse,  mais sereine. 

Le but étant d'être lu, ce sont les critères de satisfaction du lecteur potentiel qui doivent guider votre progrès. Vous ne les changerez pas. Mais les connaît-on jamais ? Et les lecteurs ne sont-ils pas des tyrans au goût impénétrable et aux jugements hâtifs ? Même les romanciers vedettes échouent à prévoir succès et échecs,  à plus forte raison les auteurs d'essai. Les thésards mis à part, dont le droit à soutenance devant quelques professeurs , donc la réussite programmée,  précèdent quasiment le choix d'un sujet.

Il faut connaitre et discuter les éléments objectifs et techniques sur lesquels les lecteurs, institutionnels ou non, fondent plus ou moins consciemment leur jugement, surtout s'ils sont contraints à vous lire pour une raison quelconque d'examen par exemple. Si les enseignants, puisqu'ils sont au coeur des premiers pas que vous ferez ou que vous avez faits vous donnaient ou vous avaient donné des indications sur leurs critères d'évaluation, vous pourriez ou auriez vous en servir... Pourquoi écrire cela au conditionnel ? parce que j'en ai rarement rencontré.

jeudi 4 août 2016

(Philosophie) 2 - LE QUESTIONNEMENT PARADOXAL



recherche internet, images


DÉBUTER EN PHILOSOPHIE
Christian Lévêque
Introduction 2 - Le questionnement paradoxal


L'anticonformisme / douter et s'émanciper / le questionnement paradoxal / les pragmatiques / l'écriture et la transmission

Beaucoup croient échapper à la pensée unique, aux idées reçues, en pratiquant l'anticonformisme en toutes circonstances. Mais c'est à la fois se priver de la part de socialisation positive que transmet l'éducation, se priver de la part de vérité certes déformée que contient l'opinion publique, et s'encombrer de nouvelles fausses-pistes, entrer sans le vouloir dans des logiques marginales tout aussi aliénantes.


Les adolescents, les premiers, peuvent se risquer aux facilités de l'anticonformisme mais, le plus souvent, le désir d'authenticité et de franchise qui les motive en profondeur, les projettera dans l'effort de penser par soi même avec d'autres. C'est cet effort que les philosophes permettent en visant non plus l'intelligence savante et l'expertise disciplinaire mais l'émancipation et l'humilité.

La philosophie sert ce projet de construction de soi, continuée tout au long d'une vie et en interaction permanente avec autrui. La curiosité, la critique des opinions communes, et la déprise de fausses valeurs comme l'argent ou comme le pouvoir, rendent disponible au questionnement méthodique paradoxal, celui qui, littéralement, contre les effets négatifs de la doxa, le discours ambiant.

C'est en tout cas la façon dont j'ai moi même entrepris de lire des philosophes, il y a longtemps, avec une préférence assez prononcée pour les plus pragmatiques, les moins idéalistes en quelque sorte. Ceux dont le vocabulaire s'approche au plus près du vocabulaire ordinaire - de leur époque bien sûr - et dont le style, clair et mesuré, reflète l'esprit logique.

Aujourd'hui, où l'écriture me mobilise de plus en plus, grâce à des projets de publication et à du temps vraiment libre, je viens partager ce qu'il m'apparaît des questions fondamentales de nos temps difficiles, soucieux et cependant prometteurs, avec vous qui débutez, ou faites semblant de débuter, puisque aussi bien philosopher c'est souvent reprendre une réflexion, depuis un commencement dont on n'est plus si certain que la veille.

mercredi 3 août 2016

(Philosophie) 1 - LA PENSÉE ATTENTIVE

Philophiles, le goûter philo en milieu scolaire


DÉBUTER EN PHILOSOPHIE
Christian Lévêque 
Introduction 1 - La pensée attentive

La philosophie selon moi: être attentif / la co-existence des points de vue / oubli de soi et concentration / l'altérité  / douter de vérités collectives / 

J'ai avancé,  dans la présentation de ce cours, qu'au final et pour moi, la philosophie est le moyen d'être le plus ou le mieux possible attentif. Regarder, écouter, lire, goûter autrement,  sinon de mieux en mieux, ce sera vivre plus intensément, "en connaisseur". Cette définition-là diffère de beaucoup d'autres, que vous rencontrerez dès vos premiers et jusqu'à vos derniers pas en philosophie.

Mais elle leur ressemblera de près ou de loin : en philosophie les thèses et les vocabulaires, donc les auteurs, se complètent plus qu'ils ne se combattent. A condition d'admettre, sur chaque sujet d'importance, la possibilité de points de vue différents mais également valides. Dans le temps bref et compressé de la vie quotidienne, personne ne peut sans entraînement ni méthode s'affranchir de ses propres convictions, ou de ses propres peurs, au point d'admettre avoir le plus souvent tort.

Cela exige non seulement du temps, mais aussi un niveau d'engagement, de concentration tenace et, paradoxalement, d'oubli de soi, peu valorisés à notre époque. Contrairement à une idée reçue, ce qui déclenche la réflexion documentée, rigoureuse et cependant hésitante de la philosophie, ce n'est pas l'évidence des limites de l'intelligence humaine, au travers de questions sans réponses sur les pourquoi du temps, de l'espace ou de l'univers, mais la découverte, chez autrui, de conceptions radicalement différentes des nôtres, à peu près sur toutes les questions, des plus graves aux plus légères.

La recherche de vérités collectives rassure et solidarise. Les normes sociales, les morales communes, les pratiques éducatives et le langage national forment l'essentiel de ces convictions sur lesquelles nous conformons nos attitudes, nos choix et nos discours, en une sorte de pensée unique, de prêt-à-dire pratique et banal.

Au cœur même des disputes et des débats, une sorte d'accord sur les règles de jeu, et sur l'amplitude maximale autorisée des divergences d'opinions, s'impose à tous, exactement en même temps que des règles de grammaire, et de politesse. La philosophie survient de la conscience des dangers que recèle ce déterminisme social, puissant et confortable.

mardi 2 août 2016

(Écrire) 1 - ÉCRIRE, POURQUOI ?

Avec l'Organisation Internationale de la Francophonie


Le fantasme d'une commande extérieure/ Écrire c'est exercer une responsabilité / Une question de temps /Écrire pour être lu, /Art ou littérature ? Autre chose.

RÈUSSIR SES ECRITS SCOLAIRES, UNIVERSITAIRES OU PROFESSIONNELS
Christian Lévêque,
INTRODUCTION
1 - ÉCRIRE, POURQUOI ?


L'écriture scolaire mise à part, j'ai assez souvent dû recourir au fantasme de devoir répondre au plus vite aux injonctions d' un éditeur ou mieux d'un public enthousiaste et nombreux pour écrire. C'est un principe connu en matière de créativité, en dehors même de toute prétention artistique. L'origine extérieure de la commande et les contraintes techniques déshinibent.

Les enfants qui refusent d'écrire à l'école montrent qu'ils ne veulent pas de responsabilité, en tout cas pas tout de suite. Ils ont spontanément le sentiment qu'écrire c'est s'engager. Et c'est d'abord s'engager dans la construction de soi. Écrire permet de savoir ce qu'on pense en ralentissant la pensée spontanée, pour la rendre accessible ultérieurement et lisible par d'autres.

J'emploie le terme de "ralentir" à dessein, non seulement pour rappeler qu'écrire prend du temps et nécessite de la tranquillité, mais aussi et surtout pour avancer que, dans un même mouvement durable et toujours perfectible, lecture et écriture donnent du sens au temps, que ce soit le temps court, voué à l'efficacité, du SMS, ou le temps long, voué à l'étude et aux loisirs, de l'anthologie, de l'encyclopédie ou de la thèse par exemple.

Au final, si l'écriture a pour principal résultat, pour l'auteur, de se connaître et de se construire lui-même, de s'approprier le monde, éventuellement en y laissant une œuvre, ce ne sera possible qu'à travers la lecture empathique et critique des autres, qui donneront, même de loin, de la consistance à ses pensées. Il faut écrire pour être lu, donc être attentif, dès le premier paragraphe de brouillon, à l'orthographe et à la syntaxe, notamment à la ponctuation, du moindre texte.

La principale qualité de l'essai est l'exactitude : que votre texte soit beau, et utile, importe beaucoup moins qu'en littérature, au théâtre ou en poésie par exemple. Même un texte très personnel, sans citation, ni notes de bas de page, ni référence à des sources connues, répond à des normes, implicites le plus souvent, comme celles de la non-contradiction interne et de la clarté, excluant toute ambivalence. C'est une question d'honnêteté intellectuelle.