lundi 31 octobre 2016

(Philosophie) 4 - LE TEMPS D'UNE ANNÉE SCOLAIRE

DÉBUTER EN PHILOSOPHIE
Christian Lévêque
4 - Le temps d'une année scolaire

Le mauvais souvenir / technique et doctrines / vos premiers lectures et vos premiers écrits /L'histoire de la philosophie / lucidité

Le mauvais souvenir que beaucoup d'adultes conservent de la philosophie tient en grande partie au fait que leur curiosité pour la discipline a été très rapidement abîmée par l'obligation de préparer trop vite un examen et de dépendre de l'apparente absurdité de la notation des enseignants.

Quand bien même on y aurait été préparé par des proches ou des parents, ou par une expérience rare d'atelier philo à l'école ou au collège, la part réservée à la technique de dissertation et à la mémorisation de doctrines et de faits historiques l'emporte sur celle que l'on voudrait consacrer à la maturation d'une pensée personnelle.

Sans négliger l'aspect théorique et rigoureux d'apprentissages indispensables à l'ébauche d'une pensée vive et cohérente, et dans l'idée contraire de donner du sens aux principes techniques et aux références dont vous aurez besoin, cette leçon de philosophie générale a pour but d'accompagner vos premières lectures et surtout vos premiers écrits,

Vous verrez d'ailleurs, si jamais vous allez au-delà de cette première année contrainte par la préparation du baccalauréat, que même si la discipline est diverse, par les écoles et les auteurs mais aussi par des domaines d'application multiples, l'art, la science, l'histoire de la philosophie s'est installée comme l'outil commun le plus pratique, surtout dans le système universitaire finalement assez statique et étouffant que nous connaissons en France depuis le 19e siècle. L'avantage que trouvent les enseignants et l'administration scolaire à l'histoire de la philosophie est la possibilité de découper un programme et de fixer des connaissances idéologiquement neutres, j'allais dire froides, évaluables et cumulables mais essentiellement périssables. 

Mais vous n'y pouvez rien pour l'instant, et si vous ne découvrez la philosophie que maintenant et dans ces conditions-là, essayez d'en profiter sans vous en formaliser outre mesure. Nous verrons ensemble comment maintenir votre goût personnel pour la philosophie en général et pour la recherche personnelle tout en conformant votre attitude aux contraintes scolaires mais avec toute la lucidité et la liberté de pensée dont vous avez besoin. 

dimanche 30 octobre 2016

(Numérique) 2 - PLANIFIER UN PROJET AVEC UN OUTLINER




LE NUMÉRIQUE AU SERVICE DE LA CRÉATIVITÉ
Christian Lévêque
2 - Planifier un projet avec un Outliner 

Les Outliners améliorent ce que l'on connaît déjà sous Word comme le mode plan. On peut changer les paragraphes de niveau,  de titre en sous-titres, réduire la table des matières et réordonner paragraphes ou chapitres,  et avoir à tout moment la possibilité d'embrasser d'un seul coup d'œil l'ensemble du projet.


Comme je l'indique dans le cours sur l'écriture d'essais, la programmation est encore plus une aide pour produire de l'écrit que pour lire. Beaucoup de livres ne sont pas lus en entier, ni dans l'ordre prévu mais pour l'écrivain il est essentiel que le projet vise la meilleure efficacité possible et une certaine forme d'exhaustivité.
Les Outliners améliorent ce que l'on connaît déjà sous Word comme le mode plan. On peut changer les paragraphes de niveau,  de titre en sous-titres, réduire la table des matières et réordonner paragraphes ou chapitres,  et avoir à tout moment la possibilité d'embrasser d'un seul coup d'œil l'ensemble du projet.
J'utilise Outliner pro sur IPad souvent en lien avec des cartes mentales comme Mindomo. Mais il existe bien d'autres applications, dont certaines payantes. En tous cas, la souplesse de ces outils m'a beaucoup fait progresser dans le sens où j'ai pu tout au long d'un projet d'écriture, (les anglais diraient peut être tout au long d'un "process") comme celui de Lettre aux enfants, vérifier au fur et à mesure l'équilibre entre les différentes directions à suivre, la pertinence de tel ou tel emplacement, et travailler, un peu comme on tourne les scènes d'un film, dans le désordre qui me convenait.


Pour chaque texte court, ma solution préférée c'est Google Keep ; un paragraphe par idée, en mode "cases à cocher", chaque idée développée en quelques phrases. Et Google Keep fonctionne et sur smartphone, et sur tablette, donc sur Apple comme sur Windows. La synchronisation est parfaite et on peut apprécier la possibilité d'ajouter des photos, des hyperliens, de la couleur... Le texte obtenu, après avoir masqué les "cases" , est transférable sur Google docs, donc sur Drive et disponible pour tout traitement de texte.
Les cartes mentales fonctionnent sur le même principe de la déclinaison, ou du développement en arbre, mais avec la possibilité de donner du sens à la répartition des thèmes dans l'espace. Il faudra en reparler.

mercredi 26 octobre 2016

(Écrire) 4 - MON PROGRAMME POUR CETTE "LEÇON"



Ancienne carte de PARIS, sur La boîte verte -  Pinterest

RÉUSSIR SES ÉCRITS SCOLAIRES, UNIVERSITAIRES OU PROFESSIONNELS
Christian Lévêque 
Introduction 4 - MON PROGRAMME POUR CETTE "LEÇON "

De l’efficacité / de la modestie / on n'en finit pas de planifier / des étapes incontournables / pour cette leçon-ci 


Le plus souvent, surtout pour les écrits universitaires, le plan s' organise en vue de la démonstration d'une thèse. Mais même dans ce cas il faut comprendre que la lecture effective est rarement linéaire et que vos lecteurs, experts, professeurs, étudiants ou simples curieux, n'auront sans doute ni le temps ni le désir de tout lire in extenso et dans le tempo impliqué par votre table des matières. 

On lit un essai pour avancer dans la compréhension d'un objet d'étude souvent strictement délimité par les forces, les sources, le confort intellectuel et le temps dont l'auteur a disposé. Plus l'objet est général et plus il risque d'avoir été traité auparavant par des milliers d'autres plus forts que vous. En revanche plus l'objet est fin, plus il a de chances de n'intéresser qu'une poignée de spécialistes et cette fois, ce sont ces lecteurs qui vous dépasseront et chercheront vos erreurs. A plus forte raison s' il s' agit de présenter votre travail à un jury ou aux éditeurs d'une revue scientifique.

Si votre souci est plus modestement de présenter une dissertation au lycée ou même un compte rendu de lecture au collège, vous ne serez pas moins contraint d'en passer par un plan qu'il faudra plusieurs fois réaménager en fonction de l'avancée des travaux. 

L'ossature d'un texte, si court soit-il, d'un paragraphe par exemple, s' appuie presque naturellement sur trois à cinq parties : une introduction, une conclusion, et entre ces deux phases essentielles un développement en une, deux ou trois étapes. Même si le projet n'a rien d'une  démonstration de type scientifique, on n' y échappe pas sans risque d'indisposer ses lecteurs. Cela admis tout  est possible, mais rien n'est simple, puisqu'il faut le plus souvent rédiger d'abord un projet de conclusion, et qu'une fois cette conclusion faite, en général, le plan prévu ne tient déjà plus la route.

Pour ce qui concerne ce cours, cette "leçon" que je lance sur internet comme on place un message dans une bouteille qu'on jettera dans la mer, sans savoir qui s' en saisira, le plan est simple : Ecrire comment ? pour débuter par le conseil technique, l'entraînement, sera suivi de Écrire pourquoi? Et je finirai avant de conclure par une partie plus interactive, plus "exemplaire' grâce à des productions de lecteurs, partie que j'appelle -provisoirement peut être - Lire pour mieux écrire.

(Écrire) 3 - SAVOIR TITRER

Près de Notre Dame de Paris (Pinterest)





RÉUSSIR SES ÉCRITS SCOLAIRES, UNIVERSITAIRES OU PROFESSIONNNELS
Christian Lévêque
3 - SAVOIR TITRER

Titre provisoire et objectif / outils / écriture à la main / rituels et environnement / commande et contraintes, style


Du temps où tous les éditeurs prenaient le temps de préparer la publication de tous les livres, le travail du titre leur revenait au final. Vous l'avez vu, où vous le verrez dans Lettre aux enfants j'ai pris l'habitude de sous-titrer régulièrement de courts chapitres et je me suis aperçu que ça rendait très efficace la table des matières. D'une certaine façon, cela donne au lecteur une liberté nouvelle de lire dans le désordre ce dont l'ordre n'a de valeur que de rangement. (Et d'aide pour la créativité). Titrez provisoirement vos textes, même vos dissertations, secrètement s'il le faut.

De beaux livres de photos ont été réalisés à partir du bureau des écrivains célèbres. Je me souviens d'un Colette et d'un Proust. Évidemment plusieurs ont écrit sur leurs outils d'écriture fétiches, crayons, stylos, plume, ou à bille, feutre, machine à écrire, ordinateur, et surtout ils ont parlé de leurs tables de travaiet des heures de travail : la nuit, tôt le matin pour la plupart dans une pièce dédiée, Aujourd'hui ce sont les logiciels qui comptent. Personnellement, j'essaye tout, même d'écrire la nuit, mais rien n'est définitif. En réalité ce qui me plait c'est de tout essayer, sans principe ni système.

En revanche, dans les quelques dernières années, je me suis installé dans une forme de textes d'une page qui me convient. En cinq paragraphes courts, introduction, développement en trois phases et conclusion, tout peut être dit. C'est une loi pour la créativité : il faut s'imposer des modalités techniques, format, tempo, phrasé, type de vocabulaire... C'est la définition même du style. J'en ai trouvé chez Roland Barthes la meilleure description, le style d'un écrivain c'est la méthode qu'il emploie pour permettre au lecteur de le suivre dans son projet d'écriture, et non ses outils de travail.

Cela fait penser à différents bains de teinture, mon travail se réalise le plus souvent par étapes correspondant pour l'instant à différents logiciels : d'abord le projet, avec ce qui deviendra progressivement un plan grâce à ce qu'on appelle un outliner. Puis la rédaction des paragraphes, généralement sur Google Keep, enfin le traitement de texte proprement dit avec Word, (après un premier lissage sur Google docs. Je suis avec attention le développement de logiciels libres qui permettront peu à peu d'éviter la "googlisation" à outrance, mais le principe restera.

Bien sûr tout commence par des idées qui se gardent. Bien d'arriver au bon moment quand on s'installe et qu'on a enfin le temps de les mettre en forme. Chacun a ses propres astuces pour ne rien perdre. L'idéal, c'est un système qui permet de classer et de retrouver les notes prises. Mais je cherche toujours comment épurer la masse de carnets et de cahiers accumulée depuis trente ans (au moins). Essayez vous qui êtes jeunes de trouver un logiciel pratique et de vous y tenir. Pour ce qui est de l'écriture elle même, là encore à vous de voir. Personnellement j'alterne, clavier, dictée et écriture manuscrite reconnue par l'ordinateur, bravo Apple.



dimanche 23 octobre 2016

(Numérique) 1 - CRÉER UN LOGO AVEC PIXLR





LE NUMERIQUE AU SERVICE DE LA CREATIVITE
Christian Lévêque
1 - Créer un logo avec PIXLR

On peut ne pas apprécier les exemples que j’en donne sur le site, le nouveau logo de Créactifs compris. Ce sont des créations qui feront ou ne feront pas la preuve de leur utilité. On peut en revanche avoir envie de créer soi-même des images à fond transparent.
Une image ordinaire, au format .jpg par exemple, conserve un fond opaque en superposition sur une autre image ou un arrière plan, seul le format .png rend possible un fond transparent. On peut transformer une image .jpg en image .png entre autres grâce au l’éditeur en ligne et gratuit de Pixlr.com.
J’ai profité de conseils très précis sur http://www.pausetuto.com/creer-un-fond-transparent-en-pn
J’ai travaillé au logo de Créactifs directement sur Pixlr, et préparé des dessins (en l’occurence sur Paper, application Ipad) pour les autres logos. Les images sont enregistrées au format .png et peuvent être insérées dans n’importe quel traitement de texte et donc sur un article de blog.
Attention pour faire apparaître un image .png dans le traitement de texte il faut d’abord par un clic droit choisir habillage du texte et par exemple la solution « rapproché » qui permet de la manipuler et de la placer n’importe où dans une page.
Ch L

mercredi 19 octobre 2016

(Philosophie) 3 - NAISSANCE D'UNE DISCIPLINE





DÉBUTER EN PHILOSOPHIE
Christian Lévêque
Introduction 3 - Naissance d’une discipline


Naissance de la philosophie : la sagesse, la logique, la culture / sagesse et morale, histoire et religion : le raisonnable / esthétique, vie sociale et économie : l'intelligence sensible / science, vérité, volonté : le rationnel / l'hétérogénéité des points de vue


On peut lire la naissance de la philosophie en Grèce sous l'angle de la sagesse, qui lui a donné son nom, mais cela ne doit pas occulter le fait que dès l'origine, les autres facettes du bijou intellectuel que nous lègue l'Antiquité existaient aussi. Sans compter que la sagesse grecque elle-même n'est pas sans origines diverses, sans aïeules ou sans cousines. En Grèce, déjà, la pensée s'appuie sur un débat au moins intra-personnel où l'on cherche l'équilibre entre trois types d'argumentaires et d'objectifs, distingués en son temps par Aristote.


La praxis, toute entière ordonnée à l'action volontaire comme dans l'activité politique : je proposerai que la praxis, au sens d'expérience individuelle inclut le sens moral, dans le cadre de "ce qui se fait", ce "qui se pratique" au sein d'une communauté. Ce type de fonctionnement s'appuie sur l'intelligence de ce qu'il est raisonnable de penser, sur une sagesse personnelle et un réalisme basé sur les traditions, l'histoire, les mythes d'une nation.


La poiesis, création et réalisation d'une oeuvre pour Aristote, correspond tout à fait à ce que nous appelons créativité aujourd'hui... C'est l'exercice de l'intelligence sensible, qui s'appuie sur la réalité physique et biologique de notre existence ainsi que sur l'implication de chacun dans la société. L'intelligence sensible est la plus secrète et malheureusement la moins favorisée par le système scolaire que nous connaissons, en France au moins.


La theoria, connaissance intellectuelle, selon Aristote science véritable résultat de tout le devenir de la recherche philosophique, correspond à la Raison cartésienne, à l'esprit logique de la science positive. Pour moi c'est aussi l'intelligence cynique du politique et des grandes institutions que le sort des individus semble ne pas concerner.

On peut voir là l'esquisse de portraits de philosophes, ou la description d'écoles de philosophie mais cela constitue plutôt des domaines d'activité ou des environnements différents. Il faut surtout comprendre qu'aucune des trois notions n'est plus importante que les autres et qu'aucune n'est a priori positive ou négative. Elles ne sont pas réellement miscibles entre elles, et impliquent des points de vue différents, à faire converger pour avoir une idée simple de l'ensemble. Là est la place de la philosophie, au plus près du point où convergent les points de vue, même si chaque philosophe en privilégie nécessairement un, et un seul.

dimanche 7 août 2016

(Écrire) 2 - S'AUTO-ÉVALUER

Ajuster votre viseur




RÉUSSIR SES ÉCRITS SCOLAIRES, UNIVERSITAIRES OU PROFESSIONNELS
Christian Lévêque
INTRODUCTION
2 - S'AUTO-ÉVALUER

L'auteur / l'écrivain / l'auto évaluation est la règle / le jugement du lecteur / une affaire d'enseignants



C'est chez Jean Gueno je crois que j'ai trouvé cette belle description du dilemme qui vous encombre,  désormais plus que moi,  - encore que -. Ce dilemme fait de votre écriture l'otage d'un conflit entre l'écrivain que vous êtes plus ou moins et l'auteur que vous serez peut-être. L'auteur en vous sera celui qui signera une oeuvre publiée et lue. C'est donc celui qui récolte les fruits, sucrés ou acides, du travail fait : notoriété,  prestige, fortune dans le plus rare des cas. Il n'y a là qu'assez peu de mérite : près de 70000 titres publiés par an, combien pour la qualité du style et l'importance des messages? C'est vrai aussi des travaux universitaires et des écrits dits scientifiques même dans les revues à comité de rédaction. 

L'écrivain en vous est l'artisan  patient, insensible aux distractions, et secret,  qui oeuvre, se relit, jette beaucoup, et lit d'autres écrivains pour progresser, même si c'est déprimant. Son pire ennemi est l'auteur, pressé de paraître dans les salons du livre, et de signer le livre dans les bibliothèques municipales. En même temps, il dénigre tout ce que ce son alter ego croit avoir fini, et réussi. 

Une fois vaincus les pièges du perfectionnisme et de l'inquiétude mondaine, - je donnerai un certain nombre d'outils pour y parvenir -,  l'écrit suffisamment bien lu  épanouit et le lecteur et l'auteur, laissant l'écrivain en peine, déjà préoccupé par d'autres textes et encore sous le coup des critiques de son alter ego sur ce texte là. Votre solution ? L'auto évaluation scrupuleuse, méticuleuse,  mais sereine. 

Le but étant d'être lu, ce sont les critères de satisfaction du lecteur potentiel qui doivent guider votre progrès. Vous ne les changerez pas. Mais les connaît-on jamais ? Et les lecteurs ne sont-ils pas des tyrans au goût impénétrable et aux jugements hâtifs ? Même les romanciers vedettes échouent à prévoir succès et échecs,  à plus forte raison les auteurs d'essai. Les thésards mis à part, dont le droit à soutenance devant quelques professeurs , donc la réussite programmée,  précèdent quasiment le choix d'un sujet.

Il faut connaitre et discuter les éléments objectifs et techniques sur lesquels les lecteurs, institutionnels ou non, fondent plus ou moins consciemment leur jugement, surtout s'ils sont contraints à vous lire pour une raison quelconque d'examen par exemple. Si les enseignants, puisqu'ils sont au coeur des premiers pas que vous ferez ou que vous avez faits vous donnaient ou vous avaient donné des indications sur leurs critères d'évaluation, vous pourriez ou auriez vous en servir... Pourquoi écrire cela au conditionnel ? parce que j'en ai rarement rencontré.

jeudi 4 août 2016

(Philosophie) 2 - LE QUESTIONNEMENT PARADOXAL



recherche internet, images


DÉBUTER EN PHILOSOPHIE
Christian Lévêque
Introduction 2 - Le questionnement paradoxal


L'anticonformisme / douter et s'émanciper / le questionnement paradoxal / les pragmatiques / l'écriture et la transmission

Beaucoup croient échapper à la pensée unique, aux idées reçues, en pratiquant l'anticonformisme en toutes circonstances. Mais c'est à la fois se priver de la part de socialisation positive que transmet l'éducation, se priver de la part de vérité certes déformée que contient l'opinion publique, et s'encombrer de nouvelles fausses-pistes, entrer sans le vouloir dans des logiques marginales tout aussi aliénantes.


Les adolescents, les premiers, peuvent se risquer aux facilités de l'anticonformisme mais, le plus souvent, le désir d'authenticité et de franchise qui les motive en profondeur, les projettera dans l'effort de penser par soi même avec d'autres. C'est cet effort que les philosophes permettent en visant non plus l'intelligence savante et l'expertise disciplinaire mais l'émancipation et l'humilité.

La philosophie sert ce projet de construction de soi, continuée tout au long d'une vie et en interaction permanente avec autrui. La curiosité, la critique des opinions communes, et la déprise de fausses valeurs comme l'argent ou comme le pouvoir, rendent disponible au questionnement méthodique paradoxal, celui qui, littéralement, contre les effets négatifs de la doxa, le discours ambiant.

C'est en tout cas la façon dont j'ai moi même entrepris de lire des philosophes, il y a longtemps, avec une préférence assez prononcée pour les plus pragmatiques, les moins idéalistes en quelque sorte. Ceux dont le vocabulaire s'approche au plus près du vocabulaire ordinaire - de leur époque bien sûr - et dont le style, clair et mesuré, reflète l'esprit logique.

Aujourd'hui, où l'écriture me mobilise de plus en plus, grâce à des projets de publication et à du temps vraiment libre, je viens partager ce qu'il m'apparaît des questions fondamentales de nos temps difficiles, soucieux et cependant prometteurs, avec vous qui débutez, ou faites semblant de débuter, puisque aussi bien philosopher c'est souvent reprendre une réflexion, depuis un commencement dont on n'est plus si certain que la veille.

mercredi 3 août 2016

(Philosophie) 1 - LA PENSÉE ATTENTIVE

Philophiles, le goûter philo en milieu scolaire


DÉBUTER EN PHILOSOPHIE
Christian Lévêque 
Introduction 1 - La pensée attentive

La philosophie selon moi: être attentif / la co-existence des points de vue / oubli de soi et concentration / l'altérité  / douter de vérités collectives / 

J'ai avancé,  dans la présentation de ce cours, qu'au final et pour moi, la philosophie est le moyen d'être le plus ou le mieux possible attentif. Regarder, écouter, lire, goûter autrement,  sinon de mieux en mieux, ce sera vivre plus intensément, "en connaisseur". Cette définition-là diffère de beaucoup d'autres, que vous rencontrerez dès vos premiers et jusqu'à vos derniers pas en philosophie.

Mais elle leur ressemblera de près ou de loin : en philosophie les thèses et les vocabulaires, donc les auteurs, se complètent plus qu'ils ne se combattent. A condition d'admettre, sur chaque sujet d'importance, la possibilité de points de vue différents mais également valides. Dans le temps bref et compressé de la vie quotidienne, personne ne peut sans entraînement ni méthode s'affranchir de ses propres convictions, ou de ses propres peurs, au point d'admettre avoir le plus souvent tort.

Cela exige non seulement du temps, mais aussi un niveau d'engagement, de concentration tenace et, paradoxalement, d'oubli de soi, peu valorisés à notre époque. Contrairement à une idée reçue, ce qui déclenche la réflexion documentée, rigoureuse et cependant hésitante de la philosophie, ce n'est pas l'évidence des limites de l'intelligence humaine, au travers de questions sans réponses sur les pourquoi du temps, de l'espace ou de l'univers, mais la découverte, chez autrui, de conceptions radicalement différentes des nôtres, à peu près sur toutes les questions, des plus graves aux plus légères.

La recherche de vérités collectives rassure et solidarise. Les normes sociales, les morales communes, les pratiques éducatives et le langage national forment l'essentiel de ces convictions sur lesquelles nous conformons nos attitudes, nos choix et nos discours, en une sorte de pensée unique, de prêt-à-dire pratique et banal.

Au cœur même des disputes et des débats, une sorte d'accord sur les règles de jeu, et sur l'amplitude maximale autorisée des divergences d'opinions, s'impose à tous, exactement en même temps que des règles de grammaire, et de politesse. La philosophie survient de la conscience des dangers que recèle ce déterminisme social, puissant et confortable.

mardi 2 août 2016

(Écrire) 1 - ÉCRIRE, POURQUOI ?

Avec l'Organisation Internationale de la Francophonie


Le fantasme d'une commande extérieure/ Écrire c'est exercer une responsabilité / Une question de temps /Écrire pour être lu, /Art ou littérature ? Autre chose.

RÈUSSIR SES ECRITS SCOLAIRES, UNIVERSITAIRES OU PROFESSIONNELS
Christian Lévêque,
INTRODUCTION
1 - ÉCRIRE, POURQUOI ?


L'écriture scolaire mise à part, j'ai assez souvent dû recourir au fantasme de devoir répondre au plus vite aux injonctions d' un éditeur ou mieux d'un public enthousiaste et nombreux pour écrire. C'est un principe connu en matière de créativité, en dehors même de toute prétention artistique. L'origine extérieure de la commande et les contraintes techniques déshinibent.

Les enfants qui refusent d'écrire à l'école montrent qu'ils ne veulent pas de responsabilité, en tout cas pas tout de suite. Ils ont spontanément le sentiment qu'écrire c'est s'engager. Et c'est d'abord s'engager dans la construction de soi. Écrire permet de savoir ce qu'on pense en ralentissant la pensée spontanée, pour la rendre accessible ultérieurement et lisible par d'autres.

J'emploie le terme de "ralentir" à dessein, non seulement pour rappeler qu'écrire prend du temps et nécessite de la tranquillité, mais aussi et surtout pour avancer que, dans un même mouvement durable et toujours perfectible, lecture et écriture donnent du sens au temps, que ce soit le temps court, voué à l'efficacité, du SMS, ou le temps long, voué à l'étude et aux loisirs, de l'anthologie, de l'encyclopédie ou de la thèse par exemple.

Au final, si l'écriture a pour principal résultat, pour l'auteur, de se connaître et de se construire lui-même, de s'approprier le monde, éventuellement en y laissant une œuvre, ce ne sera possible qu'à travers la lecture empathique et critique des autres, qui donneront, même de loin, de la consistance à ses pensées. Il faut écrire pour être lu, donc être attentif, dès le premier paragraphe de brouillon, à l'orthographe et à la syntaxe, notamment à la ponctuation, du moindre texte.

La principale qualité de l'essai est l'exactitude : que votre texte soit beau, et utile, importe beaucoup moins qu'en littérature, au théâtre ou en poésie par exemple. Même un texte très personnel, sans citation, ni notes de bas de page, ni référence à des sources connues, répond à des normes, implicites le plus souvent, comme celles de la non-contradiction interne et de la clarté, excluant toute ambivalence. C'est une question d'honnêteté intellectuelle.